« Chemins de traverses »
Alain AYRAL, Valérie BERNARD, Ivana BORIS, Martine CHIODINI-NIZIO, DOVA, Christian GIORDAN, Sun LIUDMILA, Florent TESTA.
La galerie, le tunnel, l’escalier, l’ascenseur, tous ces lieux de passages sont des temps d’interstices entre passé et futur. Des lieux de transitions, de liaison, qui éveillent la curiosité et nous mènent parfois en des lieux inespérés. Par leur architecture – souvent surprenante, leur emplacement et situation – souvent secrète, leur utilité essentielle, ces espaces intermédiaires sont une source d’émerveillement au quotidien.
La création des routes et connexions à Monaco nous replonge dans l’histoire ancienne de la principauté, un retour à l’antiquité, une préhistoire mythique. Monaco: Monoïkos puis Portus Herculis Monœci, fait parti des récits épiques de la Grèce Antique évoqués notamment par le grec Strabon (Géographie, livre IV) puis par Pline l’Ancien (Histoire naturelle, livre III). En effet, le relief accidenté de la future Principauté et les routes pour y accéder sont réputés avoir été tracés en chemin pour accomplir l’un de ses travaux. par Heraclès/Hercule – “la voie héracléenne”.
A la fin du XIX ème siècle, le territoire de Monaco est recouvert pour plus du tiers d’orangeais, d’oliviers et de vignes. Seule Monaco-Ville est alors urbanisée. C’est à la création de la Société des Bains de Mer, en 1863, avec l’arrivée de François et Marie Blanc, que l’urbanisme de Monaco commence à se développer: création du plateau des Spélugues – nouveau quartier de Monte- carlo(1). Depuis, Monaco ne cesse de se réinventer pour continuer à pourvoir aux nécessités (démographiques, politiques, économiques et environnementales). Trois aspects fondamentaux caractérisent le développement urbain de Monaco, pays le plus densément peuplé au monde(2) : les extensions sur la mer (+ 19% de territoire gagnés en 60 ans), la verticalité vertigineuse (au debut du XXème siècle le règlement d’urbanisme est modifié afin de permettre aux propriétaires une extension en hauteur ou en sous-sol) et le sous-terrassement intensif (chemin de fers, tunnels, emplacements public et emplacements privés de stockages).
Grâce aux liaisons publiques mécanisées, la Principauté peut être aujourd’hui parcourue à pied en mois d’une heure. Elles regroupent 79 ascenseurs, 35 escalators et 8 travelators. Une cartographie du circuit piéton monégasque a même été crée dans les années 2000 (Monaco Malin, coordonné par DPUM) pour favoriser l’accès à ce dédale sans-cesse réorganisé.
Une particularité et richesse nationale que l’on peut qualifier de patrimoine matériel et dont j’aime à penser qu’il représente aussi un patrimoine culturel immatériel d’une grande richesse: une connaissance amusante du territoire préservée et secrètement transmise à travers l’oralité.
Stefania Angelini
1 Christelle Déri, Analyse de Monaco, 2014
2 Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, 2014